lundi 23 mars 2009

Madero, Tampico vers la frontière des É.U.

Du 19 au 21 Mars 2009
De Madero à la frontière des É.U.

Depuis quatre heures je circule à travers un paysage vallonné, magnifique, on est en pleine saison de récolte des « naranjas ». Les arbres en sont pleins, les kiosques de fortune le long de la route les étalent autant qu’ils le peuvent, c’est orange sur vert sur des centaines de kilomètres. Les camions en sont surchargés, à se demander si celles du dessous ne sont plus que jus à l’arrivée.

La récolte de la canne à sucre qui se fait au même moment n’a rien de poétique en comparaison.
Les camions ont en moyenne 15 ans d'âge et crachent du diesel à plein ciel, ils se suivent à la queue leu leu.

Les Mexicains célèbrent l’arrivée du printemps le 20, en pleine rue tout près du grand marché, où les pièces de viande pendouillent devant des mains souillées et des sourires curieux de deux « chicas » qui veulent absolument essayer leur anglais avec moi. Vous devinez la réponse.

Tout un cortège d’autos décorées de ballons, de gouache, de graffitis et des enfants assis sur les capots brûlants qui sautillent à chaque fois qu’on traverse un « topes ». On dirait des sardines enjouées dans une poêle. Je n’arrive pas à comprendre comment ils restent en place, sont-ils attachés, je n’y vois rien.

Ça klaxonne à mettre en sourdine les milliers de « taxis » qui tentent de vous aborder ainsi jours et nuits.

Tampico c’est la ville où PEMEX raffine son pétrole, le Mexique en compte cinq. Ça circule lourd, le nouveau pont suspendu, on vous le fait payer à l’entrée et à la sortie!
A Tampico on annonce « Playas » à l’aide d’un sigle descriptif où un palmier est planté dans de l’eau… c’est là qu’on va! On quitte Tampico pour Madero, non ce n’est pas du bois qu’on me dit, c’est un personnage important de l’histoire de cette ville, il s’appelle Dubois! Ça peut arriver chez nous aussi!

Madero à l’ombre du panache enfumé de Tampico.

Ce sera un soir de camping sur la « playa » juste en face d’un petit restaurant sans prétention qui me servira un filet de poisson frais « à la diabla ». Un mexicain de passage offre trois chansons pour 10$. Un couple d’amoureux s’offre cette romance. Il chante bien fort et fausse à tue-tête. Il a des ongles gros comme des pelles. Les amoureux connaissent ces chansons par cœur et chantent avec lui les larmes aux yeux.
Les « corazon » résonnent et résonnent

J’applaudis de loin. Il a vu ma guitare dans ma voiture il viendra me parler. Il est gaucher et n’a jamais joué de la main gauche… toute une aventure commence!
La soirée se terminera à la grande noirceur, en compagnie d’un autre couple d’amoureux qui viendront se saouler à ma table en m’offrant une « tequilla » spéciale. Il m’avoue qu’il est homosexuel et désire m’embrasser. Pas chanceux, ni lui, ni moi!

Demain j’en profite pour faire réviser et réparer tous les petits bobos que ma voiture a encaissés depuis trois mois, on refait du débosselage, du polissage, une peinture, une vérification de la direction, des rotules et de la suspension, les éraflures sur le silencieux, le catalyseur…tout ça en deux jours pour 375$. Le tiers de ce que cela me coûterait au Québec.
J’accepte et je passerai ces jours ici à la plage pour faire le point et me préparer à affronter la folie à la frontière.
Samedi après-midi ce sera Matamoros, Mex.et Brownsville, É.U….ouff! Lieu historique, on s’en doute de la guerre Mexico-États-Unienne de part et d’autre de la rivière. Lieu stratégique sur le Golfe.

On m’en a parlé de long en large de ce poste de fous.
Ça ne peut être pire que Tijuana ma foi, que je me répète.

Faire le grand détour par Monterey ne m’enchante guère. A la guerre comme à la guerre. J’irai avec mon petit char d’assaut remis à neuf, affronter ces douaniers méfiants, ces chiens renifleurs, ces marchands de peccadilles et je dirai « Adios » de mon meilleur mexicain à tous ceux qui me demanderont « Where are you from and where are you going, do you speak english? »

Aussitôt que je récupère ma voiture je file.

Depuis mon entrée au Mexique je n’ai connu aucun jour de pluie…excepté aujourd’hui, jour de mon départ. Devrai-je attendre une journée de plus ?

La télévision m’offre trois postes, un pour apprendre l’anglais rapidement avec Donald Duck, l’autre est embrouillé et enfin le dernier, c’est une comédie burlesque où deux vachers mexicains chantent à cheval leur « corazon » à deux magnifiques « muheres » qui les accompagnent en quartet. L’image est nette et le son est clair. L’antenne est bonifiée de deux cintres de métal un peu rouillés. Ça marche.
C’est curieux les mexicains que je vois à la télévision depuis le tout début ne ressemblent en rien aux mexicains que je croise dans les rues, les « pueblos », les « playas », les marchés,…on dirait deux mondes! Ça vient peut-être de Mexico!
La voiture est prête, nette mais je devrai dormir à la plage encore une nuit, c’est Samedi, la plage est pleine, de 5 à 6 milles mexicains. Je suis le seul « blanco » depuis trois jours.

Je ferai la moitié du parcours en me dirigeant à la plage d’un lieu qu’on nomme « la Pesca » un port de pêche on s’en doute. Le ciel est clair, étoilé et le fond de l'air est frais…j’ai quitté le sud.

Bientôt je parlerai la langue du maître en traversant son pays rapidement. J’irai voir les dégâts de Christina et m’amuser dans les rue de la Nouvelle Orléans et si le temps me le permet j’irai dans les bayous voir et entendre comment nos "cajuns" s’en tirent.
Bonne nuit.
Roberpierre

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