mardi 24 mars 2009

MexMatamoros, à Brownsville, É.U.

24 Mars 2009

De la Pesca à Matamoros, Mex. et Brownsville, É.U. à la frontière

J’écoute et je lis tous les commentaires et toutes les réponses : « Ne vas pas là! Matamoros, ne fait pas ton « matamore, c’est la merde! «
Rien ni personne pour me dire : « Vas-y ! »

C’est pourtant le plus court chemin, c’est pourtant un lieu historique où les Mexicains et les États-Uniens se sont battus pour tracer la frontière au tournant du siècle… j’y vais...

Chemin faisant, j’ai décidé d’aller faire un dernier adieu à la mer et je me rends hors circuit, à La Pesca,

Sur la route, c’est la plaine à perte de vue, et c’est le maïs, 200 km de long de maïs…et de large je suis incapable de l’évaluer… En fait c’est la même chose que je notais quand je suis entré par Mexicali au nord-ouest du Mexique, on finance et on fabrique la production du maïs pour le transformer en éthanol, cette monoculture qui a tué les économies des colonies européennes en Afrique est reprise ici à des proportions à la grandeur de l’appétit de l’ogre mondial.

Le vent de la plaine et de la mer pousse fort mais la voiture tient bon!

J’arrive à La Pesca, littéralement : La Pêche
Définitivement le gouvernement mexicain a décidé d’en faire un attrait touristique, on a créé une route à la dimension d’une autoroute sur plus de 50 km afin de permettre aux tourissssssses de faire le détour et aller apprécier les beautés du Mexique… Avant d’y arriver, on doit passer à travers un village démembré, une population désœuvrée, traverser les 50 « topes » et les trous dans le chaussée pour contempler des résidences récentes, des hôtels attrayants et finir son trajet pour aboutir à un site magnifique, spolié par une plage contaminée par des milliers de bouteilles de plastique, bouteilles d’eau potable surtout. J’ai arpenté la plage et j’ai décidé d’y passer ma dernière nuit.
Je suis déchiré… je ne peux supporter les plages impeccables et dénaturées où on a dépossédé les mexicains ni les plages mexicaines authentiques qui sont de véritables dépotoirs. Ni l’une, ni l’autre! J’en suis là!

Au petit matin je quitte pour la frontière : Matamoros, plus de 200 km de plaine. Mon appareil photo affiche « infini ». Que du maîs!

Matamoros, c’est finalement pas si mal, quand on a connu Tijuana et Mexicali, Matamoros c’est de la p’tite bière… ce n’est pas très élégant mais c’est plein d’authenticité et la rue piétonne permet de goûter à une vie de centre-ville intense et vivante.
Au CENTRO HISTORICO, il y a la place publique habitée, fréquentée et une immense église qui semble être dans un état d’abandon… Une barrière à l’entrée nous indique que nul ne peut y pénétrer, elle est en restauration majeure et les dangers sont partout.
En sandales, j’entre, d’abord un vacarme inouï, ensuite la lumière dévoile graduellement un chantier énorme, des échaffaudage partout et pleins d’hommes armés d’un pic et d’un marteau qui s’acharne à faire tomber les surface qui sont fragiles. Sans casques, sans souliers, sans lunette de sécurité, le chantier ronronne … on me fait signe que je suis dans une zone interdite.
Je demande de rencontrer l’architecte du projet… on me pointe du doigt un homme en petite chemise, … l’architecte est un ingénieur… en dix minutes j’ai droit à une visite en détails des plans et du chantier.
Ce sont les croyants catholiques de la paroisse qui financent totalement le projet de rénovation de leur église!!! On met à l’abri une piéta venue d’Italie, sculptée dans du marbre blanc qu’on dévoile fièrement pour me permettre de la photographier! Quelques millions $, je vous dis.

Du coin de l’œil je ne peux m’empêcher de voir un flot continu de mexicains et de mexicaines se rendre travailler aux États et qui revenir avec quelques dollars frais pour les dépenser dans le vieux mail mexicain.

Finalement je reste une nuit de plus et partirai demain. Mon dernier hôtel tout inclus à 25$ avec eau chaude et eau froide, stationnement sécurisé, télévision et accès internet.

Le pont qui sépare ces deux mondes est court, la rivière est étroite, les deux pays se saluent facilement mais cette frontière est blindée et surveillée 24 heures par jours! Les p’tits morceaux écopent mais les gros ??? Ce qui doit passer passe! Trop de lumière aveugle!
Les émissions de télévision aux postes états-uniens s’en gavent depuis des mois! Les armes, les travailleurs clandestins et la drogue passent à la tonne… c’est-y assez clair?

Deux derniers « topes » à franchir, une dernière crevasse dans la chaussée, on dégomme mon permis de conduire mexicain de mon pare-brise, mon aventure mexicaine se termine ainsi.

Brownsville, United-States of America… en grosses lettres, tout en laiton sur un muret de brique droit et devant moi une autoroute à 6 voies de large, pas une seule craque dans le béton, des feux de circulation qui fonctionnent, tout le monde dans sa voie, des grosses flèches pour le virage obligé à droite, pour le virage obligé à gauche et pour aller tout droit…aucun « topes ». Je vais tout droit direction NORD-EST.

"Come on, let’s get going!"
Pilote automatique, 110 km/heure.

Roberpierre.

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