Le 9 janvier 2009
Miramar! (Je vois la mer ou Viens voir la Mer)
Si je ne l’avais pas su, je ne l’aurais pas vue!
Assis à la terrasse d’un petit hôtel abandonné, hors saison, j’éclaire mon clavier à l’aide de mon écran et n’eut été de ces quelques mots d’espagnols glanés ici et là en tout respect pour le peuple visité, jamais je n’aurais abouti en ce lieu !
Vous connaissez déjà toutes mes peurs et mes angoisses des montagnes, on n’y reviendra pas tout de suite…
La journée fut baignée d’un soleil digne des films mexicains les plus quétaines et les plus reproduits, vous vous souvenez : « … sous le soleil de Mexico … » et du plus récent film « Y tu mama ,tambien?… » ?
Hier j’ai dormi dans un blaid perdu, une intersection dont le nom ne me reviendra pas et j’ai quitté au petit matin… le ciel était au ciel!
La route s’enmieute (du verbe enmieuter, dont le synonyme connu serait « se bonifier »)…
On est passé de la voie à double sens avec accotement mou à des voies doubles dans les deux sens avec accotement « mas securidas »!
Sans vous aviser, en bout de piste ça coûte deux fois 6$! Mais finie l’angoisse!
Depuis le début c'est environ 5$ pour chaque 150 km de route! et dansplus de 50% des cas on ne nous donne aucune alternative, c'est la seule route.
Maintenant ça roule à100km/h et je me laisse dépasser à 110,120 et 140 ! Quand les latinos se défoncent il faut se tasser ! Comme ça j’avale les kilomètres et j’aboutis en début d’après-midi à Hermosillo à 150 km de la mer ! Il y a un gratte-ciel ! Je ne l’ai pas photographié !
Le reste gravite autour… je me rends au « centrum » question de me baigner dans l’histoire locale, le bâtiment qui se distingue c’est le marché public. J’ai pris plusieurs photos ! J’avais faim mais pas capable de me décider…
Des étals de viande fraîche partout, des bouchers habiles affutent leur lames et débitent le crâne, la mâchoire, les oreilles d’une tête de vache en accompagnant de leurs voix de tenor les derniers vibratos du chanteur de l’heure qui n’en finit plus de crier son « Quiero et son corason » à sa « muher » la plus adorable que Dieu a crée pour lui et lui seul…
J’achète deux bananes, du « pane dolce » et je fais un dernier tour de cette ville « muy importante » et c’est la mer à 150 km qui m’attend dans deux heures.
Mais, il y a toujours ces mais !!!
Je sais pour les avoir vues sur « Google Map » une chaîne de montagnes qu’il faudra traverser…
Que me réserve le ministère des transports ? du sport ?
J’ai beau regarder, je vois une chaîne de montagnes qui se réduit à rien mais est-ce la réalité ? S’interresse-t-on au Mexique à ce point ? De toute manière je n’ai plus le choix, je fonce !
J’ai repris mes couilles, laissées dans le frigo de Cantamar et je les réchauffe…et je pars , tabarnouche !
Le long serpent noir n’en finit plus de me m’afficher « las montanas » à droite, à gauche, droit devant, ça bouge et ça change à toutes les 15 minutes! Elles sont partout!
Ici on annonce un rétrécissement de la chaussée, là le retour des accotements, un peu plus loin on ne garantit plus rien et ça revient et tout le monde roule à 110, 120 et moi aussi pourquoi pas ?
J’ai été témoin du renversement sur accotement mou, d’un fardier transportant des rouleaux de papier asphalté. J’imagine la stupeur d’un mexicain qui voit des voitures s’enliser dans deux pieds de neige sur nos routes l’hiver!
Plus loin un contrôle militaire qui a entrainé une queue de 5 km de camions dont la moitié transporte des matières réfrigérées et qui doit laisser tourner leur moteur sans faute! On y cherche de la drogue, des armes et des immigrants clandestins!
J’ai été chanceux j’étais dans l’autre direction !
Les voilà enfin, les maudites ! à 50 km du but. Les maudites « montanas » dans toute leur splendeur et moi je vois à gauche le chemin que j’aurais emprunté, là dans la vallée entre deux tétons!
Depuis Cantamar, depuis San Diego, depuis Mexicali, nous reprenons le chemin des moines, venus évangéliser ces tribus incultes. Ces routes sont bâties sur les sentiers des jésuites et des dominicains venus leur dire le droit chemin… Ah! si seulement ils avaient choisi la route la moins montagneuse!
Ça vire à droite, vers le sud, et à gauche vers l’ouest et oui ils n’étaient pas fous. Ça passe entre deux montagnes impressionnantes. Il y a cette petite vallée qui aboutit sur la mer … je vois le Pacifique , le soleil se couche et j’y arrive sans problème , sans crispation, tout naturellement
Je lève les yeux et je vois le nom d’une direction à prendre parmi mille autres : Miramar… Pourquoi pas ? Ce n’est sur aucune carte mais ça dit : « Venez voir la mer … »
J’aboutis dans un développement privé, protégé par une guérite et un clôture. Que des condos privés et une plage privée. Et … FUCK! J’ai appris ce mot au Motel précédent.
Je roule, je ne suis pas mexicain, on m’ouvre la barrière, on me fait un grand signe de la main et je file droit au « stationnemente del visitor »… c’est moi! J’enlève mes sandales, je descends à la plage et je me mouille les pieds dans l’océan pacifique sans soulever le moindre doute…
Tout comme à Cantamar, je suis des leurs, on me sourit et me salue, mais cette fois ce sont des mexicains venus de partout finir leur jours dans ce petit paradis.
On y fait de l’aquarelle, de la sculpture, on lit, on se soigne, et moi j’écris.
Je vous jure que si j’avais été mexicain ….pas sûr que ça se serait passé comme ça…
Dans le silence bruyant du ressac de la mer au soleil couchant j’ai demandé dans mon meilleur espagnol, si toute la « playa était privata ». Il m’a pointé du doigt un lieu, là-bas, qui était la « playa publica ».
Je l’ai remercié et je m’y suis rendu.
J’y ai rencontré un homme, seul avec lui-même et ses sept chats qui s’est empressé de me dire que la saison basse était commencée et qu’il me laisserait sa plus belle chambre donnant sur la mer et la plage pour la modique somme de 40 $ la nuit!
Il faut dire que son motel profiterait volontiers d’un bon investissement !!
On se croirait dans le film 37,5 C. moins la fille bien sûr!
A la brunante, un, deux, trois camions rouillés, le pare-choc avant en diagonal et la boîte remplie de mexicains tous cagoulés quittent les lieux….Demain ma petite Toyota sera-t-elle là ? C’est la question, J’ai tout vidé et j’ai ré-armé mon système antidémarrage, mon système anti mexicain, mon système anti anti …
Je me sui fait un petit lunch, débouché « una boteilla de vino tinto » ,et branché mon petit Toshiba et je vous écris. Y serais-je pour une semaine, un mois ?
J’y suis! Et je me la saoule douce, ah comme j’aimerais partager ce doux vertige avec vous !
J’ai bien dormi, personne n’a volé ma bagnole, à la lumière du jour on se rend compte de la désolation du pauvre homme, la chambre est un chantier et les bâtiments autour sont en piteux état…la plage publique est magnifique mais les bâtiments ont mal vieilli.
De plus ce matin il y a une odeur de poisson…
Il est 9h30, le soleil me cuit le dos et brûle mon écran, je n’y vois plus rien… je pacte mes bagages et je partirai en sandales, gaminet et culottes courtes…Je décide de faire le chien et me laisse guider par mon odorat…A moins de 500 pieds de l’hôtel il y a une plage chargée de barques de pêcheurs, qui se font un café en attendant le signal du patron pour aller au large, arracher à la mer les poissons frais. Ils sont tous réunis comme hier dans la boîte de leurs camions qui les mènent et les ramènent le soir au soleil couchant….
Ils me font tous un signe de la main et me souhaite la meilleure des journées, étonnés de me voir en pareille tenue, eux qui sont emmitouflés dans leur tuque, leur foulard et leur chandail poilu qui pue le poisson….A ma demande ils se mettent à leur meilleur pour une photo…ils sont comme la veille tous réunis dans la boîte du camion.
À « la medio » je me baigne dans la mer…
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