vendredi 30 janvier 2009

Zipolite, Mazunte et Puerto Angel


Bienvenu à Zipolite. Non, ce n'est pas Montréal, et la nuit prière de prier !!

D’Acapulco vers Juchitan le 29 janvier 2009
Zipolite près de Puerto Escondido (Port caché)

Ne le cherchez pas sur les cartes routières je ne l’ai vu nulle part! Un trou me dis-je, un p’tit coin perdu sur le bord de la mer.
Il faut compter un bon 5 heures de route pour s’y rendre, 350 kilomètres, qu’il me dit ce cher Félix et toute sa petite famille , que je quitte tôt le matin avec quelques pincements au coeur. Ça en aura pris 7 !!!

Perdu? Il y a de temps à autre un kiosque d’information touristique, je n’en ai jamais rencontré un seul d’ouvert!

Après avoir quitté les quelques courbes des derniers replis montagneux j’ai dû avaler les derniers kilomètres à 100,110 , ralenti par les satanés « Topes » les trous dans la chaussée et trois barrages militaires.
On m’a inspecté, mitraillette à la main, un casque dur sur la tête, des verres fumés. Impressionnant! Pas de drogue, pas d’alcool, pas d’tabac, un maudit bon gars! Il me demandait où se trouvait « je me souviens »! Au Mexique il y plein de villages qui portent des noms semblables!
J’ai dû faire quelques emplettes dans un Mercado important à Pinotepa National. Le stationnement souterrain est aménagé comme une route qui va nulle part et il y a un « topes » ainsi qu’une affiche routière qui nous annonce une traversée de piétons!!! C’était finalement l’entrepôt du marché et il n’y avait que deux voitures, la mienne et celle du gérant.

En route au risque de ma vie, je n’ai peux m’empêcher de m’arrêter. D’abord ce fut l’odeur, ensuite j’ai vu. Sur un accotement de fortune et précieux je me gare pour quelques clichés de l’abattage d’une vache dont les pattes sont solidement attachées à quatre arbres. On la dépèce, on la vide et on lave tout à même le petit ruisseau qui se colore d’un rouge sanguin que les chiens boivent goulument à distance. (voir photos. Cœurs sensibles abstenez-vous!).

On arrive maintenant sur un immense plateau à l’approche de l’isthme mexicain qui mènera à Juchitàn…le volant me glisse dans les mains tellement elles sont moites, les épaules brûlantes, les cuisses rougies… et là, là ! le panneau coupé par le vent ou un camion annonce Zip…??? le reste est parti au vent…même la flèche…
J’en déduis que ce doit être ça et on me dit encore 10 minutes et j’y suis, ça en a pris 30…c’est tout plein de courbes, de « topes » de nid de poules, ça doit être tout un trou, mais je n’ai plus le choix, je dois y arriver! Finalement on est à plus de 90 kilomètres de Puerto Escondido, pas15!!

Tout juste au coucher du soleil, un trou? Que non!! C’est un lieu fréquenté, c’est plein! Je n’en reviens pas, une rue principale toute animée « d’Hoteles », de bars y de « restaurantes » des tout nus partout et une « playa » à perte de vue, des femmes et des hommes de tout âges nus ou à moitié arpentent la plage pendant que le soleil fait sa dernier trempette. C’est la liberté totale!

Ici c’est le brun qui prime, les balncs en cherchent désespérément en passant du blanc au rouge et du rouge au brun, les noirs se cachent à l’ombre en espérant devenir moins noir, un peu brun. Le Brun, la couleur universelle… qui aurait cru!
Je plante ma tente rapidement et me lance à l’eau. La mer s’est alors réchauffée d’un degré!
Parler ici de réchauffement planétaire fait peur et on est en hiver!

Le Shambala. À flanc d’escarpements, on a érigé un complexe pour les amateurs de yoga, les végétariens, les amoureux du bouddhisme, etc… On refait ses mantras, ses cartes du ciel, c’est la tour de Babel… tout un mélange! On est à l’Auberge espagnole… Norvégiens, Suédois, Allemands, Mexicains, Suisses, Argentins, Québécois, États-uniens qui maîtrisent l’espagnol, c’est inouï! Je me suis surpris dans une même phrase à parler trois langues à la fois, personne n’a compris, ni moi d’ailleurs. 50 personnes peuvent y dormir.

Je suis de plus convaincu qu’aucun ordinateur ne serait capable de telles prouesses architecturales.
La règle est simple : Si ça passe, ça va! Des garde-fous ? Il faut être fou pour en installer. Ici personne ne se bouscule, personne ne va où il ne doit pas c’est tout simple comme ça!
C’est aussi le seul endroit au Mexique où j’ai vu des bacs de recyclage, ils en offrent pour les matières organiques, les plastiques, le métal, le papier et un dernier pour le reste…Je me demande bien où tout ça peut bien aboutir, puisque la collecte quotidienne des déchets ne tient compte de rien excepté dans cette région de Zipolite.

Ils le font donc par principe et pour satisfaire aux demandes de leurs clients particuliers, naturistes jusqu’au bout des doigts et plusieurs se grillent cigarettes sur cigarettes. On en est pas à un paradoxe près!
Tous les jours une musique indienne qui se chante en espagnol, accompagne les adeptes dans leurs cérémonies au soleil levant et le soir, au soleil couchant…Toutes ces silhouettes humaines en ombres chinoises sur un fond de mer miroitante. On a de la difficulté à croire que la terre tourne à 120 km/heure!

Mes campeurs immédiats sont sur la route depuis un an et demi et arrivent tout juste de l’Amérique du sud, ce sont des Autrichiens qui parlent couramment espagnol, leur tente (« una casa de campania ») est devenu un parchemin, pis ça mange avec leurs doigts! L’autre, le suédois me parle en français et ne supporte pas l’allemand, la Norvégienne en est à son sixième mois sur la route et sa troisième nuit à dormir à la belle étoile. Elle me pique mes deux bananes et la moitié de mon fromage avec un sourire (una sonrrisa, c’est joli non?) irrésistible…ce soir elle s’offre un hamac et un filet anti-moustique… c’est sa fête. Je lui offre alors un peu de vin, elle ne boit pas d’alcool et se grille une cigarette!

On fait de la musique pendant au moins deux heures, les cuillères de bois québécoises font fureur ici.

Au petit matin, en échange d’un espresso-lento, consommé sur place, on m’offre en retour, à l’ombre, tout le temps et tout le confort pour y brancher mon ordino à la table dont la pile est morte depuis 6 mois et l’usage d’une prise précieuse pour tenir mon frigo bien branché.

Je resterai ici sûrement une bonne semaine, ce sera peut-être ma dernière plage du côté du Pacifique. On me dit que d’ici Juchitàn les sites ne sont pas terribles. A Salina Cruz on fabrique du sel de mer, les mexicains me disent que le village est laid, c’est bien la première fois qu’on me dit ça! Juchitàn , à voir rapidement et à fuir!

Je ne partirai pas demain.

Roberpierre,

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